Je vous écris depuis l’Ardèche, plus précisément depuis le Domaine des Hauts de Vernon. Trois jours, complètement seule, loin du tumulte quotidien. J’ai laissé derrière moi mon compagnon — pour qui la solitude n’est pas naturelle — et ses deux enfants, mes beaux-enfants.
Pour marquer l’occasion — je viens tout juste de fêter mes 30 ans — je me suis offert ce petit luxe personnel. Le lieu est divin : des espaces intérieurs et extérieurs pensés pour le bien-être, des hôtes attentifs mais jamais envahissants, exactement ce dont j’avais besoin pour un week-end ressourçant.
Pour moi, passer des moments de qualité pour soi, rime avec solitude, silence et nature. Ces moments seule permettent de retrouver mon souffle, me recentrer et savourer pleinement l’instant présent me permettant ensuite d’être plus disponible pour mes proches.
Mon trio pour passer des moments de qualité pour soi : la solitude, le silence et la nature
La solitude choisie
Je fais partie de ceux qui choisissent volontairement leurs moments de solitude. Aller au cinéma seule, faire du sport seule, regarder une série seule, parfois même manger seule… Et pourtant, d’autres activités me font préférer la présence : balades, restaurants, découvertes ou soirées entre amis et famille.
La solitude n’est pas forcément un manque ou une faiblesse. Comme le montrent Netta Weinstein, Heather Hansen et Thuy‑vy Nguyen dans Solitude: The Science and Power of Being Alone (Cambridge University Press, 2021), la solitude choisie peut devenir un véritable atout pour notre bien-être physique et émotionnel.
Les auteurs expliquent que passer du temps seul volontairement permet de réduire le stress, réguler ses émotions, renforcer la créativité et mieux se connaître.
Plus spécifiquement, ils distinguent la solitude choisie, bénéfique et enrichissante, de la solitude imposée, qui peut générer stress et isolement. Lorsqu’on apprend à maîtriser son temps seul, à décider quand et comment se retirer, la solitude devient un outil puissant pour :
réfléchir et clarifier ses priorités,
se ressourcer et retrouver de l’énergie,
approfondir la connaissance de soi,
améliorer la qualité de ses relations avec les autres.
En sophrologie, cette approche se traduit par des pratiques d’introspection, de méditation et de respiration, permettant à chacun·e de transformer la solitude en moment de ressourcement et de croissance personnelle. Comme le soulignent les auteurs :
“Être seul par choix renforce l’impact positif de la solitude, tandis que la solitude imposée peut être délétère. La compétence à être seul est une capacité qui se développe et peut enrichir profondément notre vie quotidienne.” (Weinstein et al., 2021)
Le silence
Vous souvenez-vous de la dernière fois que vous avez expérimenté un silence absolu ? Un silence où aucun bruit ne vient troubler votre écoute : ni voitures, ni feuilles bruissant, rien.
En me baladant ce dimanche matin dans les Cévennes ardéchoises, j’ai retiré mes écouteurs pour tendre l’oreille au silence pur. L’expérience était presque déroutante tant elle est devenue rare dans nos vies modernes, remplies de notifications, de musique ou de bruits constants. Et pourtant, ce silence a été profondément ressourçant : il a permis à mon esprit de se détendre, à mon corps de relâcher les tensions et à mes pensées de se clarifier.
Le silence possède de multiples bienfaits scientifiques. Selon une étude publiée dans Brain, Structure and Function (Kjellgren & Westman, 2014), rester dans un environnement silencieux pendant quelques minutes chaque jour peut réduire le stress, abaisser le rythme cardiaque et activer les zones du cerveau associées à la relaxation et à la méditation. Comme le souligne Eckhart Tolle dans Le Pouvoir du moment présent :
“Le silence est la langue de Dieu, tout le reste n’est qu’une mauvaise traduction.”
Il ne s’agit donc pas seulement de l’absence de bruit : le silence devient un outil puissant de recentrage et de ressourcement. Il favorise la concentration, la créativité et la régulation émotionnelle, permettant de se reconnecter à soi et de mieux gérer le stress du quotidien.
Intégrer le silence dans sa vie, même quelques minutes par jour, c’est s’offrir un espace intérieur sécurisé, où l’on peut entendre ses pensées, accueillir ses émotions et se préparer à vivre pleinement le reste de la journée.
La nature
Passer du temps dans la nature n’est pas seulement agréable pour les yeux et l’esprit, c’est un véritable allié pour la santé physique et mentale. Des études scientifiques ont montré que les environnements naturels influencent directement notre physiologie et notre cerveau.
Par exemple, selon une étude publiée dans Frontiers in Psychology (Bratman et al., 2019), se promener dans un environnement naturel réduit significativement le cortisol, l’hormone du stress, tout en abaissant la tension artérielle et la fréquence cardiaque. La même étude souligne que le contact avec la nature augmente l’activité des zones cérébrales liées à la concentration et à l’émotion positive, renforçant ainsi le bien-être mental et la clarté d’esprit.
Le simple fait d’être entouré de verdure, d’arbres, d’eau ou de paysages ouverts permet aussi de stimuler la créativité, d’améliorer la mémoire de travail et de favoriser la régulation émotionnelle. Comme le résume Richard Louv dans Last Child in the Woods :
“La nature ne se contente pas d’embellir notre environnement, elle renouvelle notre esprit, répare notre attention et nourrit notre santé mentale.”
Dans ma propre expérience, marcher seule dans les Cévennes ardéchoises m’a offert un moment de reconnexion profonde : écouter le vent dans les arbres, sentir l’air frais sur ma peau, observer les paysages, tout cela a apaisé mon mental et régénéré mon énergie.
La nature, combinée à la solitude choisie et au silence, crée un environnement parfait pour un ressourcement complet. Elle devient un outil thérapeutique naturel, capable de restaurer l’équilibre émotionnel, d’améliorer la résilience au stress et de favoriser une meilleure gestion des émotions.
Des moments de qualité pour soi, qu'est-ce ?
Un temps de qualité est un moment entièrement dédié à soi, pour recharger ses batteries mentales, émotionnelles et physiques. Il peut prendre des formes très différentes :
une activité culturelle en solo,
une sortie sportive,
un moment de lecture ou de détente sous un plaid,
ne rien faire, tout simplement,
des interactions sociales choisies, en famille ou entre amis, qui nourrissent vraiment.
L’essentiel : identifier ce qui vous ressource et vous permettre de le vivre pleinement.
La métaphore du verre intérieur
Lors de ma formation PSSM France pour devenir secouriste en santé mentale, mon formateur a utilisé une métaphore qui m’a profondément marquée : celle du verre intérieur. Selon lui, notre santé mentale ressemble à un verre que l’on porte en permanence avec soi. Chaque journée, consciemment ou non, nous y déposons quelque chose :
les petites contrariétés, le stress accumulé, les émotions mal digérées, les imprévus, les conflits, les déceptions, les charges mentales invisibles… Tout cela remplit notre verre, parfois goutte après goutte, parfois en cascade.
Le problème, c’est que personne ne peut porter un verre qui déborde. Quand il est plein, le moindre choc — une remarque, un imprévu, une fatigue passagère — peut provoquer un débordement : irritabilité, anxiété, épuisement, perte de patience, hypersensibilité émotionnelle… Ce n’est pas un signe de faiblesse, c’est simplement un verre trop rempli.
C’est là que les moments de qualité pour soi deviennent essentiels.
Ce sont eux qui nous permettent d’ouvrir une petite valve, de laisser s’échapper la pression, de faire redescendre le niveau avant qu’il n’atteigne le bord.
Ce n’est pas un luxe.
C’est un entretien nécessaire. C’est la condition pour avancer sans s’épuiser, pour rester disponible à soi-même comme aux autres, pour continuer à aimer, à créer, à penser, à vivre.
Pour maintenir un équilibre, il faudrait :
Identifier ses temps de qualité
Reconnaître les moments où on en a besoin (lorsque le verre est en train de se remplir ou déjà plein)
S’autoriser à les déployer dès que nécessaire (avant que le verre ne déborde)
Nous ne sommes pas tous égaux. Pour certains, le verre se remplit très vite et la moindre perturbation émotionnelle peut le faire déborder. Ces personnes auront besoin de temps pour eux beaucoup plus fréquemment.
Identifier ses besoins et ressources
S’accorder du temps de qualité commence par se connaître profondément. De surcroît, chaque personne a des besoins différents, et ce qui ressource l’une peut ne pas convenir à l’autre. Pour certains, un moment de lecture au calme suffit à relâcher les tensions ; pour d’autres, une promenade dans la nature ou une séance de sport apporte énergie et clarté mentale.
Identifier ses besoins implique de se poser les bonnes questions :
Qu’est-ce qui me fait vraiment du bien ?
Dans quelles activités me sens‑je détendu·e, motivé·e ou inspiré·e ?
Quels moments de la journée ou de la semaine me permettent de me recentrer ?
Selon des recherches en psychologie positive, prendre le temps d’écouter ses besoins personnels augmente la régulation émotionnelle et réduit le stress (Seligman, 2011). Cela signifie que ces moments choisis volontairement sont beaucoup plus efficaces que ceux imposés par des obligations ou par le simple hasard.
En pratique, tu peux commencer par faire un inventaire de tes activités ressourçantes, en notant celles qui te procurent énergie, détente ou inspiration. Ce processus aide à reconnaître ses signaux internes, à savoir quand le corps et l’esprit réclament une pause, et à organiser des moments qui nourrissent véritablement ton bien-être.
En sophrologie, cette étape est essentielle : la conscience de ses besoins physiques et émotionnels. Elle permet de choisir les exercices les plus adaptés — respiration, relaxation, visualisation — pour que le temps accordé à soi-même devienne réellement un outil de ressourcement et d’équilibre intérieur.
Les déployer dans le quotidien
S’accorder des moments de qualité ne se limite pas aux week-ends ou aux vacances. En effet, il est tout à fait possible de les intégrer dans le quotidien, même lorsque l’on est parent ou que l’on a un emploi du temps chargé. L’astuce réside dans la planification, la flexibilité et la conscience de ses besoins.
Commencer petit
Tout ne doit pas être parfait ou durer des heures. 5 à 15 minutes par jour peuvent suffire pour se recentrer et se ressourcer. Cela peut être une courte méditation avant le réveil des enfants, une promenade seule après le dîner, ou simplement quelques instants de silence avec une tasse de thé. L’important est la régularité, pas la durée.
Transformer les micros-moments en temps de qualité
Même dans une journée chargée, il existe des opportunités :
écouter un podcast inspirant pendant le trajet,
respirer profondément quelques minutes avant de commencer le travail,
prendre conscience des sensations pendant la douche ou le petit-déjeuner,
pratiquer quelques étirements ou exercices de relaxation entre deux tâches,
- prendre 5 minutes le matin, avant que tout le monde se lève pour profiter du silence ou faire une méditation.
Ces micro-moments de conscience sont tout aussi efficaces que les grands moments de solitude, car ils permettent de recharger ses batteries mentales et émotionnelles tout en restant disponible pour ses proches.
Communiquer et déléguer
Pour les parents, s’accorder du temps pour soi implique parfois de demander de l’aide. Informer son partenaire, un proche ou un ami que l’on a besoin de 30 minutes à soi est essentiel. Apprendre à déléguer certaines tâches ou moments de garde permet de créer un espace sécurisé pour se ressourcer sans culpabilité.
Planifier dans l'agenda
Mettre ses moments de qualité à l’agenda comme un rendez-vous professionnel ou médical aide à les transformer en habitudes concrètes. La planification assure que ces instants ne sont pas oubliés ou sacrifiés face aux urgences quotidiennes.
Accepter l'imperfection et rester flexible
Certaines journées seront plus compliquées que d’autres. S’accorder du temps pour soi ne doit pas être source de stress. Même quelques minutes de respiration consciente, une marche rapide autour du quartier ou quelques étirements dans le salon peuvent être suffisants pour recharger son énergie et retrouver son calme intérieur.
En résumé, déployer des moments de qualité au quotidien consiste à identifier ses besoins, saisir les micro-moments disponibles, déléguer quand c’est possible, planifier et rester flexible. Pour les parents, cette pratique est un véritable outil de prévention du stress, de régulation émotionnelle et de maintien de la santé mentale, bénéfique pour soi et pour toute la famille.
En définitive, les moments de qualité pour soi sont le socle indispensable qui soutient et renforce votre santé mentale.
S’accorder des moments de qualité n’est pas un luxe : c’est une nécessité pour la santé mentale et émotionnelle. La solitude choisie, le silence et la nature forment un trio puissant pour retrouver énergie, clarté et équilibre intérieur. Mais là encore, il ne tient qu’à vous d’établir vos activités ressources.
Alors, osez vous offrir ces moments à vous, même quelques heures par semaine. Vous méritez de vous écouter, de vous ressourcer et de vous reconnecter à votre vraie nature.
Je suis sophrologue et professeure de yoga à Fleurieu-sur-Saône.
J’accompagne les femmes qui sentent qu’elles ne peuvent plus continuer ainsi : fatigue profonde, tensions, mental trop plein, envie de ralentir… mais sans savoir par où commencer.
Avec douceur et écoute, je t’aide à redescendre dans ton corps, à remettre du souffle, à retrouver ton rythme, à refaire de la place pour toi.
